Les ONG comme Azekka, qui interviennent dans le Maroc rural, sont largement amenées à œuvrer en partenariat avec des associations locales marocaines. Nous faisons le choix, plus sain, d’aider non pas des populations directement, mais d’aider ceux qui agissent sur place, dans une optique durable d’appui et de renforcement des capacités locales.

Il y a 4 ans quand nous avons commencé nos recherches de partenariats et de projets, nous avons été surpris de la densité du réseau associatif dans ces régions. Nous étions (et sommes encore) très sollicités pas ces associations de villages, pour des projets souvent identiques ; nous avons d’abord pensé qu’elles étaient bien trop nombreuses, obéissaient à un effet de mode, n’avaient que peu de chances de perdurer. Et puis…

Et puis nous avons réalisé que ces associations n’étaient pas des ONG (qui aideraient d’autres associations) mais des associations de service et de proximité, comme nous en avons en France, par dizaines dans chaque quartier. Or, pour des associations de proximité, par définition, le maillage doit être serré. Dans les campagnes marocaines, elles assurent les cours préscolaires, l’alphabétisation, le soutien scolaire, les activités sportives ou artistiques ; elles créent des bibliothèques, des ateliers de tissage ; elles organisent des campagnes de sensibilisation aux questions de santé, d’environnement ou de citoyenneté.

Pour toutes ces activités, il n’est pas farfelu, encore moins excessif, d’avoir une association par douar de quelques centaines d’habitants : la maternelle doit être très proche des familles, les cours d’alphabétisation et la bibliothèque aussi.

En revanche, si leur densité au km2 est justifiée, on peut reprocher à ces associations un manque certain de dialogue entre elles. Quand c’est Azekka qui, depuis la France, amène deux associations de douars voisins à partager compétences et expériences alors qu’elles ne s’étaient jamais consultées entre elles… on frôle l’absurde, surtout dans des villages à taille humaine où les responsables associatifs ont mille occasions de se croiser, ne serait-ce qu’au souk hebdomadaire !

Si n’on ne peut pas attendre des associations de village, du moins dans leurs premières années, une grande compétence en formalisation (présentation de dossiers, compte-rendus, etc.), certaines, que nous avons choisi d’aider, font en revanche un excellent travail de terrain, répondant avec efficacité aux besoins des habitants du douar dans plusieurs domaines.

D’autres, ont acquis de l’expérience et se mettent au service des autres, devenant des ONG dans le sens commun du terme. Dépassant la réflexion de proximité, elles pensent plus globalement, et appuient des structures dans d’autres villages, voire d’autres régions. Elles se professionnalisent, et deviennent des partenaires en or pour les ONG du Nord, dont elles comprennent d’autant mieux le travail… qu’elles font exactement le même !

Au final, il est pour nous, ONG du Nord, bien plus difficile de travailler avec les petites associations au fin fond des villages, qu’avec les structures plus importantes et mieux organisées. Tout, de la recherche de fonds au suivi des projets, est facilité avec les ONG de grande taille. Mais voilà, l’aide est souvent concentrée sur les grandes associations, et les petites restent … petites !

C’est pourquoi nous continuons notre travail de fond et de terrain au cœur des villages défavorisés, espérant que ce travail soit reconnu par des partenaires - marocains ou européens, institutionnels ou privés - qui choisissent de le soutenir.